Après Didier, Eric et Jacky qui s'étaient lancés avec succès à l'assaut de l'UTMB en 2009, ce fût au tour d'Alain, Christian, Gérard, Gilles, Pascal, Pierre, Michel et Jean de se lancer sur l'UTMB 2011, alors que Yamina se lancait quant à elle sur la TDS 2011, Barbara sur la CCC 2011 et les Pictaves Trotters sur la PTL 2011. Ce Blog leur est entièrement dédié pour nous faire partager leurs exploits. Sans oublier tous les nombreux autres concurrents poitevines et poitevins
Bravo à toutes et à tous, finishers ou non finishers !
Vous avez su vous lancer dans cette grande aventure que représente la participation à une des courses de l'utmb (PTL, TDS, CCC et UTMB) sur une édition 2011 exceptionnelle.
Une édition très relevée à cause des conditions météorologiques capricieuses passant de l’extrême châleur en début de semaine sur la PTL, à la neige sur l'UTMB dans la nuit de vendredi à samedi, avec desrafales de vent, du très grand froid, du givre, de la grêle, de la pluie et des orages à volonté.
Dantesque par moment !
Certaines et certains d’entre vous ont échoués, quelque fois près du but ou pour quelques heures, d'autres ont réussi à aller au bout d'eux-mêmes chercher les ressources leur permettant d'obtenir ce fichu maillot de finisher qui nous fait tous vibrer.
Ce fût un plaisir pour moi de vous suivre et d'essayer de faire partager virtuellement vos aventures à vos proches ou à vos amis.
Bon rétablissement aux blessés, bonne récupération, et pour les finishers, savourez ! Savourez !
Un jour ce sera aussi notre tour ! …..
Bien sportivement,
François
Bravo ! mille bravos !
François,Edouard,Dominique,Yamina,Jérome,David,Cécile, GaëlCédric, Jérôme, Joachim,Régis,Yvon,Emmanuel,Marie Madeleine,Cédric,Xavier,Denis,Marie,Barbara,Gérard R,Jean,Christian,Fréderic,Christophe,Alain B,Gilles,Pascal,Michel,Gérard,Pierre,Christophe,AndréetAlain S
Premiers à partir, François, Edouard et Dominique des PICTAVES TROTTER'S se sont élancés le lundi 22 août 2011 sur laPetiteTrotte à Léonpour cette immense aventure en équipe :
300 km et 25 000 m D+
Une épreuve hallucinante et non compétitive ! comme l'annonce les organisateurs :
"Un "grand" tour du Mont-Blanc additionnant les grands cols, souvent à plus de 2500 mêtres d'altitude avec des passages très engagés. Si vous aimez la solitude, la solidarité et l’aventure totale, à coup sûr vous en prendrez une fois le départ."
Cette épreuve sans classement et en autonomie complète doit être bouclée en moins de 138 H
Récit PTL 2011 de François
Nous
arrivons à 16h30 pour le retrait des dossards.
C’est très rapide. Les contrôles
se limitent aux vérifications des identités et des numéros de nos téléphones et
à nous donner la balise qui va nous permettre d’être suivi ¼ par ¼ heure.
Elle
doit être placée le plus haut possible dans le sac.
Pour se donner plus de
chance de bonne réception, c’est moi qui la prends.
Allez savoir
pourquoi !
Dehors,
un gros orage s’abat sur Chamonix.
A 18 heures, briefing puis repas à 19
heures. On s’habille. Le sac doit peser une dizaine de kilo.
Nous
arrivons vers 21h45 place de l’Amitié à Chamonix. L’orage a cessé. Nous voyons
les gars du PEC (Christian, Alain, Gérard, Pascal) qui sont venus assister au
départ. Photos, encouragements mutuels.
22h00,
c’est le départ.
Les spectateurs sont en nombre jusque la sortie de Chamonix. Nous apercevons Yvon et sa femme sur le bord de la route.
Jusqu’aux
Houches, nous courrons avec 2 équipes béarnaises (d’Orthez exactement). Je les
branche basket. Ils savaient qu’il y avait une équipe de basket à Poitiers mais
ils la situaient en Pro B. Je rectifie !
23h00 :
arrivée aux Houches(8km ; 1012 m) où nous revoyons Yvon et Patricia.
Encore quelques spectateurs jusqu’au virage de l’église puis après commence
l’ascension vers Bellevue d’abord sur une route goudronnée puis sur un chemin.
Les choses sérieuses commencent. Ce pourquoi nous sommes là.
On se met en file
indienne. Nous sommes au moins une dizaine. Première intersection de chemin et
première erreur de navigation. L’équipe devant va tout droit alors qu’il aurait
fallu tourner à gauche. Tout le monde suit. Après 10-15 minutes, le chemin
redescend. Pas normal ! Brève vérification. Nous ne sommes pas sur le bon
chemin. Demi tour !
On
passe Bellevue(13,2 km ; 1801 m), direction le Col Tricot. Pas de souci
d’orientation. J’ai allumé le GPS et de toute façon nous étions passés là au
mois de juin. Après le Col Tricot (16,8 km ; 2120 m), descente vers Les
Chalets de Miage où nous nous ravitaillons en eau à une fontaine.
Nous
arrivons au Pont de Quy à 4h00 (22,9 km ; 1073 m). Un point de contrôle de
l’organisation a été mis en place pour vérifier si les balises fonctionnent.
Pas problème pour la nôtre.
Commence
alors la longue ascension vers le Mont Joly. Une montée sans lacet, des portions
très raides (pente de 23% en moyenne). On fait le plein en eau à une ferme
d’alpage où le fermier se lève pour la traite des vaches. Il est 5 h30. Le jour
se lève. On admire le paysage mais aussi le Mont avec ses pentes abruptes qu’il
va falloir monter.
7h00 :
le Mont Joly (29,1 km ; 2525 m) est passé. Pause ravitaillement. On est
dans le dur. Puis on repart sur un chemin de crête surplombant les 2 vallées. A
droite, c’est abrupt et c’est magnifique. Le souffle est court. L’ascension a
fait mal. Elle va laisser des traces.
9h30.
On passe au Col Joly(35,4 km ; 1989 m). Il y a un petit restaurant mais
qui est fermé. Le propriétaire a refusé d’ouvrir pour fournir de l’eau. C’est
un endroit accessible par la route. Plusieurs équipes retrouvent des proches et
se restaurent avec eux.
Direction La Gitte en passant par un col à 2322 m. La
progression est lente. Nous n’avons presque plus d’eau (nous n’avons pas vu de
point d’eau depuis la ferme d’alpage). On boit une gorgée à la fois. J’essaie
de respirer par le nez pour éviter d’assécher plus qu‘elle n’est ma bouche.
Nous ne mangeons pas non plus pour économiser l’eau !
Nous
trouvons enfin une fontaine. On boit goulûment. Il est 12h00. 7h00 avec
seulement 1,2 l d’eau. On continue la descente sur une large piste. On en
oublie de tourner à gauche pour descendre à travers la pente. Au loin, on voit
la piste sur laquelle nous nous trouvons. Cela nous paraît long. Un rapide coup
d’œil au GPS montre notre erreur. La seconde depuis le départ. Demi tour.
13h00 :
arrivée au hameau de La Gitte(46,5 km ; 1662 m). On mange un peu. Il fait
chaud.
Direction La Croix du Bonhomme. Une partie du chemin est jolie (corniche
le long d’un torrent).
La
montée est un long chemin de croix (le col porte bien son nom !). La pente
est raide et il fait chaud. D’autres équipes sont dans le même état. Il y a un
concurrent qui est tracté par un de ses coéquipiers à l’aide d’une corde.
15h00 :
arrivée à La Croix du Bonhomme (51,8 km ; 2479 m). Dans la foulée, passage
au Col des Fours (52,9 km ; 2666 m). Nous essuyons une averse dans la
descente.
Nous arrivons à 17 heures à la
Ville aux Glaciers (57,8 km ; 1790 m). Il y a une fromagerie. On fait le
plein en eau. On se restaure un peu. On discute avec le fils de la fromagerie
qui nous fait voir au loin le col de l’Ouillon, le prochain col à franchir. Une
brèche dans la montagne à 2603 m ! Il nous indique que le final est dur.
L’organisation
a mis un point de contrôle. On apprend que notre balise ne fonctionne plus
depuis La Croix du Bonhomme. 35 équipes sont passées. Le parcours est modifié
après le col de l’Ouillon. Cette modification doit nous faire gagner 1 heure.
La carte du nouveau parcours nous sera donnée « là-haut ». C’est a
priori une bonne nouvelle.
On
commence la longue montée du Col de l’Ouillon avec une autre équipe dont l’un
des membres n’est pas au mieux. On se cale à son rythme. La fin du col est très
pentue (pierrier puis rochers à escalader au final). Je regarde mes pieds et
j’évite de regarder le col à atteindre. Notre GPS s’est éteint. Plus de piles.
20h25 :
arrivée au col de l'Ouillon (63,7 km ; 2612 m). Le final a été tel qu’annoncé !
Personne pour nous donner la carte du nouveau parcours. Rapide appel
téléphonique au PC course qui nous informe qu’il faut passer le col de Forclaz
et que la carte nous sera donnée au lieu dit « Les Crottes ». Sans
GPS, nous devons suivre l’équipe qui est montée avec nous. Après avoir rendu
tripes et boyaux, le concurrent complètement à la rue s’est refait une santé.
Il n’y a pas de chemin. Nous descendons à travers la montagne. Il fait nuit. Il
y a beaucoup de ruisseaux, le terrain est très humide. Nous arrivons dans un
champ de vaches ! Tous ces yeux qui brillent dans les faisceaux de nos
frontales. Nous passons à proximité d’une salle de traite mobile. Il doit y
avoir un chemin à proximité ! Nous découvrons un chemin que nous suivons.
Au loin il y a des phares de voiture.
La voiture s’en va. Non ! Ouf, il y
a une autre voiture. C’est une voiture de l’organisation. Les bénévoles nous
donnent les cartes pour aller au col de Forclaz et nous annoncent qu’il faut
3h20 pour aller au col du Petit Saint Bernard ! Le ciel me tombe sur la
tête ! En nous annonçant en bas un nouveau parcours plus court d’1 heure,
je m’étais imaginé un parcours rapide, cool. Sans GPS et avec une carte pour
nous orienter, je nous vois pas marcher pendant 3h20 de nuit. Il nous faut
pourtant repartir.
On refait le plein des gourdes.
L’itinéraire
est, semble t’il, simple. On doit suivre un chemin balisé avec des piquets en bois, monter au col de Forclaz
et direction le col du Petit Saint Bernard. Nous préférons suivre une équipe
qui a un GPS. Elle n’est pas très coopérative. Bien nous en a pris cependant
car le suivi du chemin, même au GPS ne s’avère pas simple. Après quelques
errements, nous arrivons au pied du col. On distingue la pente devant nous.
Les
membres de l’équipe que nous suivons parlent peu. Ils cherchent mais quoi. Pas
d’explications. Un coup à droite, un coup à gauche, un coup en arrière.
D’autres équipes cherchent aussi. On aperçoit des frontales monter, descendre,
aller à droite, à gauche.
On
perd notre équipe pilote. Il semble qu’il faille monter mais il n’y a pas de
chemin. Monter tout droit ? Oui mais si on arrive sur un passage
infranchissable et qu’il faut redescendre. Cela fait plus de 24 heures que l’on
marche et je ne me sent pas la force de faire des allers retours inutiles. De
plus la pente est très raide.
De
nouvelles équipes arrivent. Même problématique. Elles cherchent un chemin.
Elles nous expliquent que la trace GPS indique tout droit et qu’elles cherchent
un chemin qui devrait correspondre à la trace GPS. Mais de chemin point !
Les équipes arrivées avant ne sont plus là. On ne peut pas rester là. Il faut
monter et on verra là-haut. Quelle montée ! Tout droit, à quatre
pattes ! Les mains pour s’agripper aux touffes d’herbe et se hisser, les
pieds qui glissent. Mètre après mètre, on arrive au sommet. Nous sommes 3
équipes. On reste ensemble. Ils ont plusieurs GPS. On les suit. Quelques
hésitations mais on est sur la trace. On se dit qu’avec la carte, on n’y serait
pas arrivé. On rattrape une équipe qui se joint au cortège. On passe à
l’hospice du Petit Saint Bernard et on aperçoit au loin une grande tente
éclairée. On se doute que c’est notre étape.
Effectivement,
ça l’est. On est enfin arrivé au col du Petit Saint Bernard (79,1 km ;
2188 m).
Sans les dernières équipes, cela aurait été très difficile. 2 grandes
tentes : 1 pour la restauration et 1 pour dormir. Il y a du monde. Tous
les lits sont occupés. Il faut attendre des départs pour se coucher. Un couple
d’américains abandonne mais doit se débrouiller pour rejoindre Chamonix.
L’organisation ne rapatrie pas. On mange un peu (1 bol de soupe, du fromage et une banane). Des lits
se libèrent. Dominique décide de laisser
notre place au couple. C’est enfin notre tour, il est 3h25.
L’organisation
a décidé de modifier les barrières horaires. Les difficultés de cette première
partie ont été sous estimées et de nombreuses équipes ont mis beaucoup plus de
temps que prévu. Nous devons être parti du col du Petit Saint Bernard avant 9
heures le mercredi matin.
Le
dortoir est une grande tente où ont été mis en place des lits de camp. Le
chauffage (nous sommes à 2100 m d’altitude) est assuré par une soufflerie qui
se met en route tous les ¼ d’heure ! Le sommeil sera très haché entre les
arrivées, les départs, les faisceaux des frontales dans les yeux, les
ronflements de ceux qui arrivent à dormir, le bruit du chauffage.
7h15.
Il faut penser à se lever. Un pied par terre, puis le deuxième. S’habiller,
pommader les pieds sales, remettre les chaussures. Petite collation (jus
d’orange, lait froid, 2 tranches de cake). Je trouve des piles pour le GPS.
Bonne nouvelle car sinon ce n’était qu’avec la carte.
Des
bénévoles nous informent que les barrières horaires sont neutralisées.
L’objectif semble être de permettre au plus grand nombre d’équipes de rallier
Chamonix.
8h30.
Départ. Un concurrent ayant abandonné fait du stop pour rentrer à Chamonix.
Nous traversons la frontière. Nous sommes en Italie. La première partie est un
large chemin qui monte vers des remontées de ski. Attention, un petit raidillon
à ne pas louper ! Il permet d’éviter quelques lacets. On redescend dans
une vallée, toujours sur de larges pistes. Nous prenons un petit sentier sur la
droite. Le paysage change. C’est très joli et agréable. Nous rattrapons une
équipe (la 37 : les marmottes). Ils viennent de Moselle (normal avec
l’accent qu’ils avaient) et ont déjà fait la PTL. On passe devant. On avance
plus vite qu’eux mais ils hésitent moins que nous sur la recherche d’itinéraire
(ils ont 2 GPS) ce qui fait que l’on se retrouve souvent.
Le
point à atteindre est le refuge Deffeyes. Un panneau l’indique. Temps :
1h15. Sauf que ce n’est pas ce chemin qu’il faut prendre mais un autre beaucoup
plus long. Nous le suivons. La progression est lente. Nous doublons une autre
équipe qui se repose et nous arrivons au refuge Deffeyes (91,8 km ; 2489 m) à
13h15 par un sentier très abrupt où il faut mettre les mains pour monter.
Le
patron a mis un panneau de bienvenue aux concurrents de la Petite Trotte à
Léon.
Une équipe mange à l’intérieur. Les marmottes de Moselle s’arrêtent
également pour y manger. Nous mangeons rapidement le peu qu’il nous reste
(saucisson, banane, barre). Une petite douceur : nous prenons un café au
refuge. Un long pour Dominique et 2 courts pour Edouard et moi.
Départ
direction le col Cormet.
Cela descend d’abord depuis le refuge. Nous espérons
que nous ne descendrons pas trop car il faudra remonter pour passer le col
situé à 2837 m. Intersection à droite, petit sentier à prendre pas trop
visible. Nous le suivons. Nous sommes sur la trace GPS. Passage très étroit
avec des chaînes pour se tenir. Descente dans un thalweg puis montée du col. Il
n’y a pas de chemin. Il nous faut naviguer entre les blocs rocheux, choisir les
pierres où l’on peut poser les pieds tout en ne s’écartant pas de la trace
GPS. Il n’y a pas de marquage au sol ni de cairns. La progression est lente.
Des pierres encore des pierres. Le col qui ne semble pas se rapprocher. Nous
l’apercevons enfin. Il paraît encore
lointain. La progression continue dans ces amas et amoncellements de
pierres. Nous approchons du but. La navigation est plus facile (moins de
pierres et l’objectif est clairement visible) mais la pente est raide.
Le
col Cormet (95,1 km ; 2837 m) est atteint. La descente est comme la montée. Un
début très pentu avec de la neige. Nous y allons très prudemment pour éviter de
glisser. Puis des pierres. Nous atteignons un chemin bien aménagé bien que nous
sommes assez haut. Des marches ont été créées ou posées. La descente est assez
rapide. Un orage menace et éclate. Il faut vite se couvrir. Il est juste au
dessus de nous. Ca va car le chemin n’est pas trop technique. L’orage dure un ¼
d’heure.
Nous
arrivons au lac d’Arpy (99,2 km ; 2032 m). 2 photographes de
l’organisation sont là. Pause pour quelques photos. Nous leur demandons si
Morgex (étape de ce soir) est encore loin. Ils nous disent que non, que le
chemin est très bon et que c’est tout en descente. C’est vrai que le chemin est
large, la pente douce. Nous marchons vite, nous hésitons à courir mais il nous
reste encore plusieurs jours. Soyons raisonnable.
Moment
d’euphorie. Nous planifions notre étape de demain. Il y a 52 kms entre Morgex
et Bourg Saint Pierre sans possibilité de ravitaillement. Nous prévoyons un
arrêt de 4 heures à Morgex et de partir très tôt demain matin.
Je
jette un œil sur le GPS.
Nous ne sommes pas sur la trace ! Je sors la
carte. Nous avons loupé un petit sentier sur la droite peu après le lac. Il
faut faire demi tour et remonter car continuer sur ce chemin nous rallongerait.
La rencontre avec les photographes, leurs renseignements nous ont déconcentré.
Dans notre tête, l’étape était finie. Ce n’était plus qu’une formalité !
Nous revenons au petit sentier que nous prenons. Le parcours est agréable sous
les arbres.
Nous
arrivons au village d’Arpy (102,8 km ; 1678 m) à 20 heures.
Nous faisons
le plein des bidons à la fontaine d’une maison. Nous sortons du village d’Arpy.
Nous appelons le PC course et nous donnons notre position.
Il
nous faut suivre la route sur 1 km et prendre une piste sur la gauche. Nous
arrivons à une piste. Les piles du GPS déclarent forfait. Cette piste ne me
semble pas être la bonne. Je remets des piles usagées. Le GPS repart. Ce n’est
effectivement pas la bonne piste. Nous continuons à descendre par la route.
Nous arrivons à l’intersection. La nuit est tombée. La route sur laquelle nous
nous trouvons va à Morgex. L’itinéraire est plus long mais on est sur d’arriver
car le GPS s’éteindra avant d’arriver. Que faire ? Suivre la route ou
suivre l’itinéraire de l’organisation par les chemins. Nous choisissons
l’itinéraire.
La
piste est large. Nous suivons la trace du GPS en adéquation avec les
informations du road book que Dominique suit. Malgré la nuit noire, le suivi de
l’itinéraire apparaît aisé.
Nous
devons prendre un chemin sur la droite « itinéraire n°7 ». Nous ne
voyons pas cette information, nous continuons un peu et prenons un chemin où
rien n’est indiqué mais cela semble correspondre avec la trace GPS. Le chemin
descend. Nous arrivons à une maison où le chemin s’arrête. Edouard repère un
balisage rouge et blanc sur quelques arbres. Ce doit être un GR. Le chemin
n’est pas très marqué voir pas du tout mais les marques rouges et blanches sur
les arbres sont bien visibles et cela descend dans la vallée et il nous faut
descendre pour rejoindre Morgex. D’ailleurs, nous entendons les voitures en
bas. Nous ne sommes pas sur le bon itinéraire mais nous devrions atteindre la
vallée, c’est le principal.
Le
sentier n’est vraiment pas marqué mais le balisage bien visible malgré la nuit.
Cela descend bien et le terrain devient de moins en moins praticable (arbres
couchés, …). Nous arrivons à un torrent. Nous enjambons les arbres. La
progression est très lente et devient dangereuse (le sol est glissant). A part
la vallée en contre bas avec les phares des voitures, nous ne voyons pas grand
chose. C’est trop dangereux. Il est plus prudent de remonter de reprendre le
chemin en sens inverse et de revenir vers la route et de la suivre pour rentrer
à Morgex.
Mêmes
difficultés pour la remontée avec les arbres dans tous les sens. Edouard
« joue » au cochon pendu sur un arbre ! Ouf nous revenons à
notre point de départ où nous avions vu les traces rouges et blanches. Nous
buvons abondamment à la fontaine de la maison existante car nous avons laissé
beaucoup de sueur dans cet épisode.
Nous
reprenons le chemin en sens inverse. A son sommet, intersection avec un chemin
sur lequel nous voyons un peu en retrait marqué sur une pierre le numéro 7.
P….. ! C’est le chemin que l’on devait prendre. Pas de temps à pedre.
Nous le prenons. Ce large chemin se transforme en un sentier plus étroit. Le
sol est très poussiéreux. Cela descend fort.
Nous
arrivons sur une route. A droite direction Morgex que nous atteignons
rapidement (109 km ; 924 m). Nous prenons une passerelle puis traversons
la voie de chemin de fer. Nous sommes dans la rue principale. La ville paraît
très jolie et très typique (maisons en pierres grises). L’église, un porche
sous lequel nous passons, un tunnel qui permet de passer sous une voie à grande
circulation qui coupe la ville en 2. Dominique nous guide avec le road book.
Nous devons être près du gymnase, but de notre étape. Un rond point, nous prenons
à droite. Nous passons devant quelques bâtiments publics. Tout est fermé. Pas
de lumière, pas de voitures, pas d’activités. Nouvelle erreur
d’itinéraire ? Nous faisons demi tour et revenons au rond point. Le road
book est pourtant clair : « tunnel passant sous la route
Courmayeur/Aoste, on rejoint le gymnase de Morgex ». Il est 23 heures.
Nous
devrions être au gymnase. Nous appelons le PC course qui nous apprend que le
gymnase est fermé et qu’il n’y a plus personne !! Le PC course va aviser.
Nous rappelons. Quelqu’un va arriver. Le rendez vous est fixé en face de
l’église.
Je
suis très pessimiste sur la poursuite de l’aventure. Nous retournons à
l’église. Un bénévole arrive en voiture et nous demande pourquoi nous
n’arrivons que maintenant. Nous lui expliquons que nous nous sommes perdus
juste avant la dernière descente.
Il
nous ramène à Chamonix.
Chamonix ?
Oui, de toute façon, les sacs que nous
devions récupérer à Morgex (avec des vêtements de rechange et de la nourriture)
sont déjà repartis à Chamonix. Nous pouvons continuer mais hors PTL. Pour
enfoncer le clou, le bénévole nous reproche de n’avoir pas répondu à leurs
« nombreux » appels téléphoniques (en vérifiant nos portables, nous
avons eu chacun un appel vers 21h30). De ce fait, ils ne pouvaient savoir où
nous étions d’où leur décision de fermer le point de ravitaillement et de
partir !!
La balise GPS fournie par l’organisation ne fonctionnait pas
depuis mardi 15h30 mais ça on n’en parle pas !
Edouard
se dit écœuré ce qui énerve fortement notre interlocuteur qui menace de nous
laisser là et de nous laisser nous débrouiller pour rentrer à Chamonix. Nous
sommes coincés. Nous montons dans la voiture. Le parcours est long,
l’atmosphère tendue. Nous arrivons à parler un peu (pas de la course !).
J’appelle Barbara pour qu’elle puisse venir nous chercher à Chamonix.
Arrivée
à Chamonix. Barbara est là. Nous montons dans la voiture. Elle ouvre les
fenêtres car cela sent très mauvais. Tu penses : 48 heures avec les mêmes
affaires ! Nous arrivons à Saint Gervais. 2 bières, une douche. La PTL est
terminée.
Jeudi
matin.
Le sentiment de frustration est fort car nous aurions pu aller plus
loin. Pas de bobos. Le bilan :
-les erreurs de parcours (il faut rester
concentré),
-se servir des 3 supports mis à notre disposition
(GPS, carte et road book) en les répartissant sur nous 3,
-pas d’expérience du fonctionnement du GPS (nous
ne l’avions que depuis 1 semaine) et de son autonomie,
-avoir cru les informations données sur l’abandon
des barrières horaires,
-ne pas hésiter à prendre des petits raccourcis
si besoin (ne pas galvauder l’esprit de la PTL en changeant carrément de
parcours)
-se regrouper avec d’autres équipes pour une
progression commune. Nous aurions pu le faire avec l’équipe 37 (qui est arrivée
au bout).
-Regret d’être tombé sur des équipes peu
coopératives au col de Forclaz
Vendredi
soir nous allons à Champex voir passer les coureurs de la CCC. Nous voyons un
coureur de la PTL encore en course.
Nous parlons un peu. Il n’est pas surpris
de notre mésaventure. Le gymnase a été fermé à 21h30 (d’où les appels
téléphoniques à cette heure là). Pour sa part, il a fait du stop sur la route
avant Morgex (celle que l’on a hésité à suivre).
74
équipes au départ, 5 équipes ont fait le parcours en entier, 23 équipes ont
abandonné ou ont été arrêtées, 20 équipes ont fini incomplètes (abandon d’1 ou
2 équipiers).
Notre
parcours :
110 kms (plus près de 120),
9000 m de dénivelée positive et
autant en négatif.
Le traileur fou, qui est encore une fois venu à Chamonix en vélo pour faire l'UTMB !!
THE NORTH FACE ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC - CCC (COURMAYEUR - CHAMPEX - CHAMONIX ) 2008 LE TOUR DES GLACIERS DE LA VANOISE ( TGV ) 2009 et en 2011 l' UTMB:DOSSARD 2077
Après l'UTMB 2009 (que je n'avais pas réussi à finir),
j'aborde cette édition 2011 avec un peu plus d'inquiétude. En 2009, j'avais
fait un parcours d'environ 3 mois à vélo (http://j.baspeyre.free.fr/roadtrip/),
j'avais fait le TGV à Pralognan.
Malgré tout, je n'avais pas réussi à finir la
course, à cause, selon mon diagnostic, de chaussures neuves et un genou droit
souffrant.
En cette année 2011, j'avais moins la "caisse", du
coup, comme j'avais mon mois d'août à ma disposition, j'ai décidé d'enlever la
poussière sur ma remorque et de repartir pour un parcours plus court mais qui
je pense m'a permis d'être en forme.
Départ le 09 août pour une arrivée le 20 à
Chamonix. Soit 12 jours, 10 étapes de vélo et 2 jours de repos. Au total, j'ai
parcouru 959 km, ce qui fait une belle moyenne par étape. Le physique est
revenu petit à petit en passant par des douleurs aux cuisses, aux genoux. Un
peu partout en fait.
Mon arrivée le samedi 20 à Chamonix a été respectée, j'avais
décidé, de me reposer le dimanche et de faire une randonnée le lundi et mardi.
Il y a deux ans, j'avais fait Chamonix-Courmayeur en deux jours (78 km) avec
nuit au refuge de la croix du bonhomme. Cette fois-ci, je ne me sens pas
d'attaque, je pense plutôt réaliser la fin du parcours UTMB, un Vallorcine -
Chamonix.
Le lundi, je prends le train direction Vallorcine, il fait déjà
chaud, mon objectif : Col de Balme, Col des Posettes, Col des Montets, Chalet
du Lac Blanc, Chalet de la Flégère, Plan Praz et retour par le sentier des
gardes jusqu'aux Bossons. A posteriori, il n'en fallait pas plus, il fait
extrêmement chaud et ma randonnée a duré plus de 12 heures, sans eau à partir
de la Flégère. Le lendemain, le mardi, j'ai des courbatures et suis moyennement
en forme. Je décide pourtant de faire une autre randonnée : Les Houches, Parc
Animalier du Merlet, Refuge de Bel Lachat, Le Brévent, Col du Brévent et retour
par Plan Praz. Je suis de retour au camping vers 18h après un départ vers 10h.
Je suis cuit et j'ai mal aux cuisses. Cela me permet de me dire que pour
l'UTMB, je vise uniquement la ligne d'arrivée. Du mardi soir au vendredi, jour
du départ, c'est repos complet.
Les jours qui précèdent la course sont toujours
particuliers, entre la vérification des affaires lors de la récupération du
dossard, le nombre de concurrents des différentes courses, je regarde ça
toujours avec curiosité et de l'appréhension. Cette fois-ci je suis allé à deux
conférences du salon de l'ultra : Le sommeil et la nutrition. J'aurais voulu
suivre celle sur la foulée de Vincent Delebarre mais je n'ai pas pu. Si
quelqu'un a des informations, je suis preneur.
On est donc, vendredi matin, mon voisin breton, me demande
si j'ai allumé mon portable, il a reçu un SMS indiquant que des orages étaient
prévus pour la fin de la journée et que le départ était reporté entre 23 heures
et minuit. Le début d'une longue journée. Mais, je ne suis pas inquiet, le
départ doit avoir lieu, je n'ai plus mal aux jambes, il reste 166 km à
parcourir, tout va bien. J
Après une sieste et le départ de mon père et belle-mère pour
les Chapieux, je décide de manger vers 19h00. Puis, à nouveau allongé dans la
tente, alors que la pluie commence à tomber.
Départ pour le départ
en compagnie
de mes voisins bretons vers 22h.
Il pleut, il pleut, il pleut. J'ai ma veste (avec
capuche !) et j'ai mis mon sur pantalon.
Je ne suis pas très bien réveillé, le speaker fait ce qu'il
peut pour affoler la foule et à 23h30 le départ est donné. Je pars en fin de
peloton, et j'essaie de faire attention aux flaques d'eau, je n'ai pas envie
d'avoir les pieds mouillés. Ce n'est pas la grosse forme mais je trottine
doucement. Puis, arrive les Houches et le début du col de la Volza. J'ai chaud,
très chaud sous mon sur pantalon pas respirant. Je décide de l'enlever et ça va
mieux, c'était une cocotte-minute là dessous. La descente vers Saint Gervais
est juste une grosse blague, un peu comme un combat de boue de catch féminin,
les maillots de bain en moins et le froid et les frontales en plus. J'arrive à
ne pas tomber et à ne pas me faire mal. Je sens bien que je suis en queue de
peloton car le speaker annonce que les derniers arrivent et cela ne fait que 3
minutes que je suis au ravito. Hmmm, l'impression était bonne sur mes mauvaises
sensations mais c'est pire que prévu. En partant, je vois que la barrière
horaire est à 5h30 aux Contamines, il est 3h30, j'ai 2 heures pour 10km et
500mD+. Va falloir commencer à s'activer. Finalement, il ne pleut plus et
j'arrive à 5h00 aux Contamines sans avoir eu l'impression de forcer. En plus,
je vois Marion et John qui ne devaient pas être là mais qui se sont poussés
pour braver la nuit, le froid et la pluie. Cool. Ils étaient inquiets pour la
barrière.
Puis, c'est le départ vers Notre Dame de la Gorge et surtout
le col de la croix du bonhomme. Je sais que c'est long, très long. Je ne
m'excite pas, je reste dans mon rythme. Je ne m'arrête pas ou peu à La Balme. Pas
mal de monde autour du feu de bois, mais je me dis que ce n’est pas l’idée de
siècle que de s’arrêter là. Puis arrive, avec le jour, le col de la croix du
bonhomme. Ca souffle fort, il a neigé, il ne pleut plus. Je croise des
bouquetins (que l'on voit sur la vidéo 6'06’’,
et direction refuge de la même croix. Tout va bien, puis arrive la descente
vers les Chapieux (km 50). La grosse différence par rapport à l'UTMB 2009 c'est
qu'il fait jour. Je mets d'ailleurs 18' de moins pour descendre. Aux Chapieux,
je vois mon père et belle maman, coup de bol, car il n'y a pas de réseau
téléphonique, ils ont dû attendre depuis un sacré moment.
Je repars vers Ville
des Glaciers en compagnie d'un gars avec qui je fais la causette, ça passe le
temps surtout que cette partie goudronnée n'est pas marrante. Puis arrive la
neige, voire la grêle, durant au moins deux heures, jusqu'au Col de la Seigne. Le gars qui bipe les dossards a la moustache gelée avec de belles stalactites.
Il fait un vent de fou, je me magne à commencer de descendre vers le lac
Combal. La descente est assez longue, il fait froid et le ravito se fait
attendre. Je ne suis pas mécontent d'y arriver. Pour l'instant tout va bien, je
ne force pas, il fait maintenant gris mais il ne neige plus et il n'y a plus de
vent. Direction Maisons Vieilles, Col Chécrouit et enfin Courmayeur. A col
Chécrouit, je m'arrête pour enlever mes chaussures et chaussettes. Aïe ! Une
ampoule. Il faudra que ça tienne jusqu'à Courmayeur. Changement de programme
par SMS : on passe par Martigny et plus par Bovine. Ca rallonge de 4 km et de
200mD+. Bon, ça ne me réjouis pas mais je ne vais pas pouvoir changer grand-chose...
Direction Courmayeur, la chaleur est au rendez-vous, je fais
la descente assez tranquillement dans la poussière en suivant un concurrent qui
va à ma vitesse. Puis je retrouve mon père et Josy au Centre, ils sont en
forme. Moi, je prends mon sac de ravitaillement. Je décide de manger les pâtes
al dente italiennes, d'aller soigner mon ampoule. J'en profite pour mettre du
sérum physiologique dans mes yeux, la poussière a du mauvais. Puis, je mets mon
corsaire, mon maillot trempé du "Petit Ballon / Grand Bonheur" (c'est
que l'on a eu un temps de cochon), je change de chaussettes, mets de la crème solaire
et je repars. Direction refuge Bertone. L'ambiance est excellente à Courmayeur,
les italiens sont de bonnes humeurs sous le soleil rayonnant. La montée calme
bien les ardeurs. Mais en montant au train ça se fait. Le pansement pour mon
ampoule ne tient pas. Il me semble qu'à Bonatti, il y a un centre de soins.
Côté ravitaillement : des Tucs, du pain d'épices, un peu de
fromage et de l'eau, du coca et parfois boisson énergisante. Je mets aussi du
citron dans mon Camel bak. Ça donne un goût bien sympa.
En effet, à Bonatti, je me fais soigner l'ampoule,
l'infirmière me dit que cela va tenir jusqu'à Chamonix. A ce propos, le trajet
Bertone - Bonatti est particulièrement long. Puis c'est reparti, je ne souffre
pas de la chaleur, d'ailleurs, le vent est fort, il va falloir penser à
remettre le collant long et un haut plus épais.
Je fais la descente vers Arnuva calmement, il y a deux ans,
je l'avais faite à bloc (en 10' de moins) et j'avais eu le début de ma douleur
au genou. Je ne m’arrête pas trop longtemps au ravitaillement, juste le temps
de bien manger, bien boire et de repartir pour le grand col Ferret. Mon
objectif est d'y passer avant la nuit. Le début de la montée est hyper raide,
les jambes vont bien, mais le souffle est un peu court. Je monte à mon rythme
et j'essaie de ma caler dans un groupe. Tout se passe bien, le vent commence à
souffler sévère, mais avec ma veste à capuche, je suis trop bien. Aucun
problème. La nuit tombe sur le final, avec un vent de fou et ô surprise, le
brouillard dans le début de la descente. On aura tout eu dans cet UTMB 2011 :
Pluie, froid, vent, neige, grêle, grand soleil et enfin brouillard. Les
finishers pourront être fiers d'eux. Je veux en être. Pour l'instant ça ne va
pas trop mal après 100 km de course. C'est dans la descente de La Fouly que ça
se complique, je commence à avoir une légère pointe au niveau du genou droit
côté latéral, rien de grave mais bon c'est le début, puis aussi une douleur sur
le coup de pied droit. Cette descente est interminable. De descente, certes il
y en a beaucoup, mais il y a aussi des passages délicats et de la montée. En
plus, il fait nuit, la douleur ne m'aide pas, il faut que je me force à boire
et à manger un peu. Quand on a mal, on en oublie de s'hydrater correctement. La
seconde nuit est dure psychologiquement. Même si je sais que je remonte bien
dans le classement, je n'en fais pas une fixation, ce que je veux c'est
arriver. Puis, la Fouly arrive enfin, il y a Marion et John qui sont là depuis
au moins 4 heures. Je suis extenué, énervé contre cette distance interminable.
Il est 23h30, je décide de me reposer 20 minutes. Je ne dors pas mais le fait
de ne plus être sur ses pieds me fait un bien fou. Je repars après cette pause,
certes je boite assez bas mais le moral est meilleur après ce repos. La gestion
de la deuxième nuit est capitale, il ne faut pas hésiter à "perdre"
du temps en se reposant. Je rattrape deux concurrents qui ne sont pas en très
bon état non plus. Mon genou est devenu très douloureux.
Les deux gars en question sont comme en balade, ils parlent
de tout et de rien, il n’est pas loin d’une heure du matin. Cette deuxième
nuit… L’un des deux dit que vers 5-6 heures, c’est l’heure à laquelle il
commence à avoir des hallucinations. Moi, je n’en ai jamais eu, ça doit être
étonnant. Il est finisher PTL et raconte que l’eau des Contamines est tellement
filtrée par les glaciers qu’elle manque de minéraux et entre autre d’iode ce
qui empêche un développement cérébral normal et ce que l’on a appelé les
crétins des Alpes. Minute culture.
Puis vient la montée vers Champex, je sais qu’elle est
longue, malgré la douleur, j’avance, je suis meilleur dans la montée, le plat
et la descente ne sont plus mes amis à cause de cette douleur au genou. Je
penche pour une douleur au niveau du tendon du vaste latéral.
Arrive enfin Champex avec une dernière montée dans une espèce
de champs, un concurrent est en train de dormir à même le sol. J’ai mon comité
d’accueil, qui lui aussi est marqué par la fatigue, il est 3h45. Tout le monde
voudrait bien être au chaud. Cela fait 124 km et 27h45 de course. Je suis
extenué. Je ne mange même pas de pâtes mais des Tucs, du pain, fromage et de
l’eau / Coca. Je décide d’aller voir les kinés. La levée du banc est
douloureuse, il fait un froid de canard, heureusement, ils sont très
sympas. Je leur dis mes douleurs au
niveau du coup de pied et du genou. Verdict : début de tendinite des
releveurs du pied et soit le tendon du vaste latéral, soit le tendon du tenseur
du fascia lata. C’est ce deuxième qui
m’inquiète car à part le repos, y’a pas grand-chose. Je me fais raser la jambe,
on me pose un « tape » = les fameuses bandes de couleur que l’on voit
un peu partout. C’est efficace sur le coup de pied, y’a pas à dire. On me met
de la crème Nok sur les pieds et je rechausse. Mes chaussettes double peau ne
sont pas une trouvaille, en effet, les deux couches glissent l’une sur l’autre
et ça chauffe. L’importance du matériel.
Je rejoins mon équipe de choc, le moral va mieux. Malgré des
regards inquiets, je décide de repartir (il reste 46 km), comme je ne connais
pas la descente vers Martigny, peut-être le chemin n’est pas trop compliqué. Il
fait froid, je boite assez bas, mais le départ de Champex est plat et bitumé
donc pour l’instant ça va. Puis on prend un chemin forestier, donc je peux
marcher tranquillement. Ensuite arrive des chemins un peu plus techniques et la
douleur est intense. Pourtant à y réfléchir, les sentiers sont propres, rien de
fou fou, rien à voir avec le final de la Fouly ou la descente des Chapieux de
nuit. Je ne rêve que de dormir en m’entourant dans ma couverture de survie. Il n’est
pas loin de 5 heures. Encore une heure et quelques pour avoir le droit au lever
de soleil. Je passe à côté d’une énorme croix toute illuminée. Je jure que s’il
y avait eu un banc à côté, je me serais mis là, emmitouflé dans ma couverture
et juste le droit de dormir. Je continue clopin clopant, je me fais doubler
mais je m’en moque, je ne pense qu’à l’arrivée de Martigny. Arrive ensuite une
intersection où attend un camion de pompier Suisse, ou un camion suisse de
pompier. Je ne sais pas. En fait, c’est moi qu’il attend, le jour s’est bien
levé, cela fait un bien fou au moral mais je n’avance à mon avis, pas plus vite
que 3 à l’heure. Et ça descend. Je me fais encore doubler par un fou qui a le
genou comme une patate, râle parce que cela fait 20 km qu’il y fait attention
et que c’est l’autre qui vient de craquer. Etonnant : 20 bornes à mettre
tout son poids sur un genou et il craque. Il se strappe n’importe comment et
repart. Moi, je n’ai pas envie de ne plus plier le genou. J’en ai même entendu
dire certains qu’ils prenaient des anti inflammatoires. Je n’y avais même pas
pensé.
Alors, j’arrive enfin au camion de pompier. Je discute avec
un gars qui me dit qu’il reste encore 900 m de dénivelé négatif. Je suis
étonné, à mon avis les infos à Champex était fausse. De toute façon, je ne peux
pas aller plus loin, que ce soit lever la jambe ou bien appuyé dessus, cela me
fait souffrir. Je me résigne sans trop réfléchir. Le gars me dit que de toute
façon je ne peux abandonner à Martigny car il n’y a rien pour le faire. Ça me
décide un peu plus. Le moral, c’est important. Le camion remonte à Champex. Je
me rends compte que finalement, j’en ai
fait du chemin. Retour au point de départ, il est 7h00, cela fait 2h30 que je
suis parti de là, la barrière horaire est à 7h30, il y a encore des concurrents
qui partent.
Je descends du camion comme je peux et me rends à la table
des abandons, j’étais passé devant en me disant : « Sûrement
pas ». Et là en rendant mon dossard, les boules me montent d’un coup, sans
prévenir, je me dis que ce n’est qu’une course, mais la fatigue,
l’investissement de ses dernières 24h ont raison de ma raison. Je laisse aller.
Un bénévole me dit d’aller boire un café, je lui réponds à peine. Je
« file » vers le bus et me réfugie à une place libre. Ce que c’est dur d’arrêter là.
En plus, j’étais loin d’être seul dans cette aventure, comme
toujours, j’ai eu des dizaines de messages d’encouragement, de toute la
famille, des amis, des collègues de l’école. Des messages réellement touchants
des cousins/cousines. Vous ne pouvez pas imaginer comme dans la course je ne
suis pas tout seul et que vous êtes avec moi-même si je ne réponds pas. Et
puis, les accompagnants, eux aussi ils font un sacré truc de fou en se baladant
pendant deux jours à travers le massif du Mont Blanc. Alors, cela doit être ça,
en rendant le dossard c’est aussi vous que je laisse de côté. La fatigue je
vous dis J.
Au final, le retour en bus se fait avec une voisine qui
n’est autre qu’une kiné de la team de Champex. On discute pas mal sur la fin du
parcours et elle ne se rend pas compte que moi aussi je suis en étude de kiné.
Pourtant j’ai essayé de lui donner des indices mais elle doit être aussi
fatiguée par sa nuit de massage.
Il est 9h du matin quand j’arrive à Chamonix, 1h30 de
trajet, John est venu me chercher. Direction le camping, je m’allonge dans ma
tente, je ne me lave même pas, j’émerge vers 11h. Mon père et Josy sont de
retour. Alors : douche, déjeuner, grosse sieste et le soir, diner dans une
crèmerie. Je boite toujours très bas.
Je crois mes voisins bretons qui ont abandonné aux Chapieux
(km 50), le stress des barrières et la difficulté de courir en couple ont eu
raison d’eux.
Le lundi, retour sur Paris, le mal au genou disparait
doucement. Deux jours après la course, plus mal, aucune courbature si ce n'est
un point au niveau de l'omoplate (scapula) gauche.
J’ai tout de même décidé d’aller voir un médecin du sport,
un ostéo et peut être un podologue pour que l’on sache exactement d’où vient
cette douleur après environ 110 km de course.
C’est que je compte bien le finir cet Ultra Trail du Mont
Blanc !
Alors les sujets de réflexions :
·Utilisation de bâtons ?
·Gestion de la deuxième nuit ?
·Mon matériel est au top : Sac à dos
Salomon, ma veste Montane, mes chaussures Brooks et les gants Quechua impec.
Peut-être acheter un sur pantalon qui respire et des chaussettes
classiques !!
Voilà, ce récit est un peu long, il doit même manquer des
choses, mais c’est bien de raconter tout ça, ça permet de revivre un peu la
chose et de remercier réellement tout ce qui était avec moi physiquement ou en
pensée. De vous faire partager ce que j’ai pu traverser pendant la course.